Le magazine Sciences et Vie du mois d’avril 2016 titre sur le microbiote, une découverte biologique récente et révolutionnaire.

Le ventre est enfin reconnu comme un poste de commande central de notre vie ! Il agirait sur nos préférences alimentaires, notre poids, notre personnalité, notre mémoire…

Ces pouvoirs, notre ventre les tire des microbes que nous hébergeons : notre « microbiote intestinal ».

 

Mais comment ce monde microscopique peut-il dicter les faits et gestes d’êtres aussi complexes que nous ?

 

 

Comprendre notre microbiote

 

Chaque individu porterait entre 500 à 1000 espèces différentes de bactéries, occupant une place de choix au cœur de nos intestins. Grâce aux innombrables replis de l’intestin grêle (villosités puis microvillosités intestinales), notre microbiote se trouve à proximité de grandes voies de communication :

• Le nerf vague qui relie l’intestin et le cerveau
• Le réseau vasculaire (les bactéries ont la possibilité d e produire des neurotransmetteurs agissant sur le cerveau)
• Les cellules immunitaires qui voyagent dans le sang et envoient des messages chimiques.

Idéal pour influencer nos mécanismes internes.

 

La composition du microbiote intestinal varie énormément d’un individu à l’autre en fonction du génome, du mode de vie notamment alimentaire, de l’âge et des bactéries héritées de notre mère au début de la vie (contamination vaginale). Ceci expliquerait un grand nombre d’inégalités face au stress ou au surpoids ainsi que la survenue de certaines pathologies lorsque le microbiote se dérègle.

 

 

Action sur notre faim et nos préférences alimentaires

 

Une étude de 2015 a montré que nos sensations de faim et de satiété découlent directement de l’appétit de nos bactéries intestinales ! Une fois rassasiées, elles produisent des protéines qui stimulent la sécrétion d’hormones de satiété. Le cerveau nous indique alors qu’il faut arrêter de manger.

Les bactéries de notre microbiote nous imposeraient par ailleurs leurs préférences pour le sucré, le gras ou l’alcool ! Ceci afin de nous pousser à manger les aliments qui favorisent leur propre croissance, même si cela peut être néfaste pour notre santé.

-> Notre microbiote influence la perception de la faim et nos envies pour tel ou tel type d’aliment

 

 

Action sur notre corpulence

 

L’analyse du microbiote de patients obèses a montré une proportion de bactéries Firmicutes plus importante que les personnes minces et une proportion de Bactéroidetes plus faible (rapport Firmicutes/Bacteriodetes 95/95 contre 70/30).

Par ailleurs, certaines souches de Lactobacillus plantarum optimiseraient l’activité du système hormonal qui contrôle la croissance infantile.

-> Notre microbiote jouerait donc sur notre poids et notre croissance

 

 

Action sur nos défenses immunitaires

Chargées de contrôler les microbes dans notre corps, nos défenses immunitaires seraient elles-mêmes, contrôlées par des microbes, à savoir notre flore intestinale !

Cette emprise commence dès la naissance, lorsque les bactéries colonisent l’intestin, stérile jusque-là, et gouvernent la maturation du système immunitaire (ex : la bactérie Bactéroides fragilis).

L’influence du microbiote se poursuit au cours de la vie. Certaines bactéries sont ainsi capables d’inhiber ou au contraire de susciter l’inflammation (= un type de réaction immunitaire).

D’après des résultats publiés en 2015 par une équipe franco-japonaise, la flore intestinale régulerait aussi la survenue des allergies en bloquant les cellules immunitaires responsables du déclenchement de ces troubles.

-> Un déséquilibre de la diversité du microbiote peut complètement déréguler nos défenses immunitaires et donc induire des maladies graves comme la sclérose en plaques.

 

 

Action sur notre moral et notre anxiété

 

Un constat édifiant : les troubles anxieux, de l’humeur et de la sociabilité (dépression, autisme) s’accompagnent souvent de troubles intestinaux.

En 2013, des chercheurs ont montré que la prise quotidienne, pendant un mois, d’un produit contenant des bactéries naturellement présentes dans les intestins entrainerait une modification de l’activité des aires cérébrales liées au traitement des émotions.

-> L’étude suggère que la modification de notre microbiote induit un stress réduit et une humeur améliorée.

 

 

Action sur notre vivacité d’esprit et notre mémoire

 

Une étude de 2015 sur des souris indique qu’une régime alimentaire riche en sucre et/ou en graisse provoque, deux semaines plus tard, des changements majeurs du microbiote : le nombre des bactéries de l’ordre des Clostridiales augmente et celui des Bactéroidales diminue. Ces souris « trop nourries » affichent également de moins bons résultats aux tests de mémorisation et de capacité d’adaptation.

 

 

 

Informations complémentaires si la thématique vous intéresse :

• Science & Vie N°1183, avril 2016
• Le ventre, notre deuxième cerveau
• Si l’intestin était la clé de notre santé ?