Bien loin des modes et tendances, il y a de vraies raisons de se lancer dans un régime sans gluten. Si cette démarche demande de revoir intégralement son alimentation, le jeu en vaut vraiment la chandelle pour certaines personnes…
Parce qu’on est malade cœliaque (ou intolérant au gluten) comme 1% de la population
Dans le cadre de la maladie cœliaque, la protéine “gluten” est reconnue par le système immunitaire comme un ennemi. Cela provoque une inflammation de la muqueuse intestinale de l’intestin grêle puis, peu à peu, sa destruction.
Le dépistage repose sur :
- la détection dans le sang d’anticorps spécifiques (les IgA anti-transglutaminases) -> attention, seulement si le patient mange du gluten au moment du test !
- la mise en évidence d’atrophie des villositaires au niveau de l’intestin grêle.
La maladie coeliaque peut apparaître dans les premiers mois de la vie lors de la diversification alimentaire. Les jeunes enfants présentent alors des symptômes digestifs (régurgitations, etc.), un poids faible et un retard de croissance. Mais la maladie peut survenir à tout âge, notamment chez les jeunes femmes adultes. Dans ce cas, les symptômes digestifs sont plus ténus ou même parfois absents. D’autres affections non digestives témoignent cependant de la maladie : carence en fer, ostéoporose, arthrite, fausses couches à répétition…
Parce qu’on est allergique au blé ou au gluten (rare)
Dans une allergie au gluten ou au blé, l’ingestion provoque rapidement des symptômes typiques d’allergie : problèmes respiratoires, démangeaisons, gonflement, etc. Le diagnostic est de ce fait plus facile à poser que pour une maladie coeliaque. Il s’agit d’une réaction anormale des défenses immunitaires qui met en jeu des anticorps de type immunoglobulines E (IgE).
Parce qu’on est hypersensible au gluten (non celiac gluten sensitivity ou NCGS) comme 5 à 10% de la population
La sensibilité au gluten se définit souvent après élimination de l’hypothèse d’une maladie coeliaque. En effet, les symptômes sont sensiblement les mêmes mais il y a pas détérioration de la muqueuse intestinale.
Le corps scientifique et médical admet de façon générale l’existence de l’hypersensibilité au gluten mais beaucoup de questions se posent encore concernant cette pathologie. Certains scientifiques remettent même en cause le rôle du gluten, pensant également aux fructanes du blé (glucides du groupe des FODMAPs) ou aux inhibiteurs de l’amylase trypsine fabriqués par les plantes pour se protéger.
L’hypersensibilité au gluten constituerait une “pathologie d’encrassage” qui apparaît petit à petit en fonction de la fréquence et des quantités d’ingestion du gluten.
Les symptômes sont :
-> souvent retardés : ils apparaissent plusieurs heures à plusieurs jours après la consommation de l’aliment incriminé.
-> pas toujours évidents car pouvant être en lien avec :
- la sphère digestive : maux de ventre, crampes, nausées, diarrhées…
- ou extra-digestive : éternuement, larmoiement des yeux, nez encombré, éruptions cutanées, fatigue, insomnies, douleurs articulaires et musculaires, brouillard mental, dépression, anémie et bien d’autres perturbations…
La diversité de symptômes et le mystère scientifique qui plane encore autour de l’hypersensibilité au gluten complexifie l’identification du problème qui reste, d’ailleurs, souvent ignoré ou méconnue des praticiens. Par ailleurs, les tests de dépistage sont controversés.
Parce que l’on souffre de côlon irritable
15 à 25% de la population souffrent du syndrome du côlon irritable, également appelé colite, colopathie fonctionnelle ou encore colopathie spasmodique. Ce pourcentage inclue des NCGS. D’ailleurs, il y a souvent confusion et l’hypersensibilité au gluten chez l’adulte est fréquemment diagnostiquée en tant que syndrome du côlon irritable.
Cette pathologie représente environ 50% des motifs de consultations en gastro-entérologie. Souvent incomprise, elle est soignée avec des pansements intestinaux, des ralentisseurs de transit sans s’attacher aux causes profondes.
Pourtant, selon des travaux récents, un régime sans gluten améliorerait bien souvent la situation des personnes souffrant de cette maladie.
Pour réduire la progression de maladies auto-immunes ou inflammatoires chroniques
On parle de plus en plus de l’éviction du gluten pour réduire la douleur issue des maladies inflammatoires telles que :
- polyarthrite rhumatoïde
- rhumatisme psoriasique ou inflammatoire
- sclérose en plaques
- spondylarthrite ankylosante…
En effet, depuis le Dr Seignalet, d’autres médecins mais aussi de nombreux patients ont vérifié que l’arrêt de la consommation de cette protéine permettait de soulager la douleur chronique et d’empêcher la maladie de progresser.
Plus d’informations sur l’effet d’un régime sans gluten sur les maladies inflammatoires chroniques dans cet article (témoignages).
Parce qu’on souffre d’endométriose
L’endométriose est une maladie gynécologique fréquente (10 à 20 % des femmes réglées) et pourtant méconnue des médecins et des patientes car taboue. Cette pathologie s’explique par un déplacement de l’endomètre hors l’utérus vers les ovaires, la vessie, les intestins ou le rectum. L’endométriose provoque le plus souvent par d’importantes douleurs surtout pendant les règles, parfois pendant les rapports sexuels ou le passage aux toilettes. Il n’existe pas de médicaments mais de la chirurgie pour limiter la migration de l’endomètre.
Comme toute inflammation digestive aggrave la maladie, un régime sans gluten ni produits laitiers peut aider à diminuer les douleurs.
Parce que l’on veut retrouver la forme et éventuellement perdre du poids
Il s’agit du dernier argument à la mode. Toutefois, il ne s’agit en aucun cas d’une urgence santé… Parce que tel sportif a amélioré ses performances ou que telle star a perdu 10 kg et a retrouvé une belle peau. Les exemples ne manquent pas dans la presse people ! Mais y a-t-il du vrai dans tout cela ? Consultez l’article : Manger sans gluten fait-il retrouver la vitalité et perdre du poids ?
Conclusion
Contrairement à ce que laissent entendre les pouvoirs publiques, la santé d’une personne sur cinq en Europe est susceptible d’être améliorée par un régime sans gluten ! Cela signifie en contrepartie que 4 personnes sur 5 peuvent consommer des céréales à gluten sans éprouver de symptômes.
Alors, oui : le régime sans gluten s’adresse en priorité à 20% de notre population qui en a besoin pour des raisons de santé. Avec la disparition de leurs gênes permanentes, ils retrouvent un confort de vie!
Toutefois, nous gagnerions tous à diversifier notre alimentation en évitant de surconsommer les produits à base de blé, surreprésentés dans notre alimentation. Sans forcément éliminer totalement le gluten. Ce blog peut vous donner quelques idées!
-> Pour aller plus loin : La mode du régime sans gluten ?
Merci Victoria pour tes articles toujours argumentés , clairs, structurés et pédagogiques.
Bonjour Victoria, une petite question, le livre présenté ds votre article pourrait il convenir à une personne qui a la suite d un cancer de l intestin et qui a des douleurs abdominales ?
Me4ci
Et toujours un article intéressant !!!
Bonjour Sylvie,
Si vous parlez de livre de J. Lagacé, je ne crois pas que le régime de Seignalet (ou alimentation hypotoxique) ait prouvé des résultats pour après un cancer mais si la cause des douleurs abdominales est inconnue et que la situation persiste, cela vaut peut être le coup d’essayer !