Pourquoi certaines personnes sont-elles plus exposées à l’allergie et l’intolérance que d’autres ?
On parle d’hérédité mais cela n’explique pas tout. Il existe véritablement des facteurs de risques allergiques. Giulia Enders les expose au fil de son livre “Le charme discret de l’intestin”.
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas cet ouvrage, je l’ai présenté dans un précédent billet. Il m’a tellement appris de choses que j’ai fait une liste de points à vous faire partager à travers plusieurs articles de fond à venir. Celui-ci est le premier.
La naissance par césarienne
Le fœtus dans le ventre de sa mère évolue dans un milieu 100% stérile. Mais dès que la poche des eaux perd son imperméabilité, la colonisation bactérienne commence. Le bébé fait alors connaissance avec la flore vaginale, une douce population de bactéries de type lactobacille qui produisent de l’acide lactique et éloignent ainsi les bactéries moins prévenantes.
Par conséquent, le bébé se retrouve en en rien de temps avec des germes vaginaux et intestinaux de sa maman, des germes cutanés et une sélection de ce dont l’hôpital disposait à ce moment-là. La naissance paroi naturelle fournir à l’enfant un mélange bactérien équilibré, système de défense redoutable contre les bactéries qu’il rencontrera dans son jeune âge.
La naissance par césarienne prive le bébé de cette colonisation bactérienne “naturelle”. Cela le rend plus fragile d’un point de vue immunitaire (microbiote). Car les premières bactéries avec lesquelles nous sommes en contact ont une importance capitale pour notre résistance future.
L’absence d’allaitement maternel (ou sur une durée très courte)
On sait que l’allaitement est très bon pour la santé du bébé mais on ignore souvent pourquoi. Parmi tous ses avantages, l’allaitement favorise l’installation de certaines bactéries du microbiote, comme les bifidobactéries, très gourmandes de lait maternel.
Cette colonisation précoce est importante car elle influencera plus tard certaines fonctions corporelles comme le métabolisme ou le système immunitaire. Par exemple, un enfant qui a peu de bifidobactéries dans le ventre durant la première année de sa vie a plus de risques d’être ensuite en surpoids ou intolérant au gluten qu’un autre qui en a beaucoup.
L’ablation des amygdales avant l’âge de 7 ans
Il est fréquent de retirer les amygdales aux enfants très souvent malades.
En effet, ces ganglions ont pour rôle de capter les virus et bactéries venus de l’extérieur. Cependant, il arrive qu’ils deviennent une réserve de germes et ne fassent plus office de barrière mais au contraire de foyer infectieux.
Toutefois, selon Giulia Enders, l’ablation des amygdales ne doit pas être réalisée trop tôt (pas avant 7 ans) afin de bien protéger l’enfant dont le système immunitaire n’est pas encore véritablement mature.
La prise fréquente d’antibiotiques
Les antibiotiques ont pour rôle d’éradiquer des bactéries qui nous rendent malades. Mais leur action, peu ciblée, présente des effets collatéraux : ils peuvent profondément perturber notre flore intestinale. Or la richesse de nos bactéries intestinales est essentielle pour assurer une bonne digestion et une protection efficace contre les “intrus”, porteurs de maladies.
La prise d’antibiotiques chez les enfants et personnes âgées nécessite de grandes précautions. Leur flore intestinale est beaucoup moins stable et, après traitement, elle se remet plus lentement (jusqu’à 2 mois!). Lors de sa reconstitution, la flore de ces personnes a du mal à recruter de “bonnes” bactéries (bifidobactéries, lactobacilles) et présente plus de bactéries potentiellement “mauvaises”. Ce déséquilibre durable peut entraîner une fragilité.
BILAN
Ces facteurs de risques seuls n’expliquent certes pas l’apparition d’une intolérance au gluten. Toutefois, ils peuvent donner des pistes sur un terrain, une fragilité latente…
Dans un prochain article, j’aborderais d’autres points très intéressants de ce livre “Le charme discret de l’intestin”.
Merci !
@+
Pierre
Bonjour, super livre que j’ai dévoré aussi ! Pour le gluten, elle n’est pas assez claire sur la maladie coeliaque ou la sensibilité au gluten. Je suppose que pour les causes elle parle plus de la maladie coeliaque. Chez nous, on est plusieurs à être très sensibles, même ceux nés par voie basse, allaités plus d’un an. Ce serait sans doute pire si ça n’avait pas été le cas ! Merci pour cette chronique.